Manuscrits. Écritures. Lectures.

By: Papyrus87 | February 09, 2019

Savants doubles

09/02/2019


Je me lamentais il y a peu sur ma naïveté malmenée, lorsque je découvris après tout le monde les sympathies de G. Kittel pour le nazisme de sa nation en détresse.

Voilà que ma naïveté tenace vient de prendre encore un sérieux coup en apprenant l'antisémitisme affiché de J. Strugnell.


Le premier est un nom de la lexicographie du grec biblique.

Le second, un éminent éditeur des manuscrits de la Mer Morte.


Pour le premier, voir mon billet Lexicographie et nazisme du 9 janvier 2019.

Pour le second, voir mon billet Qumrân: Les manuscrits de la discorde du 31 janvier.


Ce billet-ci est pour penser à haute voix sur ces deux vieilles affaires, dont plus personne ne parle, mais qui donnent à penser pour aujourd'hui, tout de même.

Voilà deux esprits brillants, dont chaque journée était vouée à la Bible, au judaïsme ancien, aux textes bibliques et non bibliques, aux manuscrits, et à l'actualité des vestiges.

Des hommes de savoir, de recul, de distanciation, de critique.

Des universitaires, rémunérés pour penser, pour peser, pour mettre en perspective les temps et les lieux.

Pour discerner les concordances, les dissonances, les retours et les pièges de l'histoire.

Des hommes de mots et de paroles, des hommes du texte, de textes anciens, à la recherche des sens enfouis, des racines, des fondements, des récurrences.

Familiers de la parole et de l'enseignement, exercés en principe à déjouer les passions ambiguës par la vertu du verbe.

Des hommes de l'interprétation.

Des hommes de foi, chrétiens même.


Et des hommes qui se rejoignent étrangement dans le même ressentiment atavique contre les Juifs, plus ou moins dissimulé, plus ou moins apparent, mais bien là, juste là.


Certes, on ne s'agenouille pas devant les diplômes, les titres, et les seigneurs du savoir.

Certes, ni la lexicographie grecque, ni la paléographie hébraïque ne sont censées immuniser par elles-mêmes contre l'hydre antique.

On reste juste pensif – quant à soi – devant la duplicité, la double identité d'un vieux mal ordinaire.


FG