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By: Papyrus87 | November 23, 2018

Violence et fin des temps

23/11/2018


Je relis pour la seconde fois Chers fanatiques d'Amos Oz (Gallimard, 2018). J'y emprunte.

La racine tout humaine de la violence fanatique – intrinsèque donc à l'être humain lui-même, et non imputable à telle ou telle religion, même si elle se manifeste volontiers dans le domaine religieux – s'y trouve décrite ainsi :

Le fanatisme est bien antérieur à l'islam, au christianisme, au judaïsme et à toutes les autres idéologies universelles. C'est une constante de la nature humaine, un gène « déficient » (p. 15)

Voilà pour la violence dite religieuse et le "fanatisme comparé".


Et pour ce qui est de la violence eschatologique, c'est un mécanisme tout autant humain, il me semble : les Textes sacrés ne lui servent que d'habits de piété.

La griserie d'une rédemption instantanée, l'exaltation d'être avec Dieu au gouvernail du monde, l'excitation du champ de la bataille finale, l'enivrement du sang sacrificiel, la frénésie de la vérité absolue et de la lecture absolue des Textes, sans parler de la fuite hors de la complexité du monde et de l'existence humaine au moyen de réponses simples, en un mot l'exil mortifère vers l'Utopie – voilà la face sombre de l'homme religieux, un abîme d'inhumanité.


J'ajoute qu'il existe des versions plus "soft" de cet étourdissement volontaire, qui s'accommode de la vie ordinaire, agrémentée sans conséquence dramatique – pour la société du moins, pas forcément pour l'âme croyante – de scénarios eschatologiques toujours sur le point de s'accomplir.