By: Papyrus87 | May 11, 2018
"Femme, que me veux-tu ?"
11/05/2018
Aux noces de Cana (Jean 2), une fois la fête avancée, le vin vient à manquer. Les esprits sont déjà gris, et l’embarras est grand : comment finir la noce en s’excusant de manquer ?
Jésus, invité avec sa mère et ses disciples, n’intervient pas et ne semble aucunement vouloir prendre la situation en mains.
Que faire, de toute façon ? Aller acheter du vin à la hâte ?
C’est la mère de Jésus qui semble vouloir "faire quelque chose".
Et elle dit simplement à Jésus : "Ils n’ont plus de vin".
En soi, c’est une simple constatation, pas une demande ou une invitation formelle à agir.
Sans doute la demande était-elle dans le ton et les gestes, mais nous n’y étions pas pour pouvoir le dire.
Toujours est-il que Jésus entend une requête oblique dans la parole de sa mère, à quoi il réagit vivement, comme s’il refusait d’être poussé à agir :
« Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue. » TOB
« Femme, qu'avons-nous de commun en cette affaire ? » NBS
« Mère, est-ce à toi de me dire ce que j'ai à faire ? »
« Écoute, lui répondit Jésus, est-ce toi ou moi que cette affaire concerne ? » SEMEUR
En effet, Jésus semble prendre ses distances, et mettre à distance sa mère et sa demande implicite.
Cette mise à distance est dans la tournure "Qu'y a-t-il entre moi et toi ?"
Mais l’adresse "Femme, etc." elle-même – rude en français – ne l’est sans doute pas dans le texte.
En effet, on la trouve en d’autres occasions, sans qu’il y ait une notion de rudesse ou d’apostrophe, et parfois, au contraire, comme expression de douceur.
Noter que BFC soit omet "femme", soit traduit "mère" lorsqu’il s’agit de Marie.
Quelques exemples :
Jésus lui dit : Femme, crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père
(Jn 4:21 NBS, à la Samaritaine)
Eh bien, femme, où sont-ils passés ?
(Jn 8:10 NBS, à la femme adultère, des accusateurs qui se sont éclipsés)
Femme, voici ton fils.
(Jn 19:26, NBS, à sa mère, à nouveau, cette fois à la croix)
et
Voici ton fils, mère. (BFC)
Jésus dit à sa mère: Voici ton fils. (SEMEUR)
Femme, pourquoi pleures-tu ?
(Jn 20:15 NBS, à Marie de Magdala, au sépulcre)
Dans ces emplois, c’est plutôt de la douceur que de la rudesse qu’expriment les paroles de Jésus.
Ce que dans les autres évangiles il exprime par l’adresse "ma fille" :
Courage, ma fille ! Ta foi t'a sauvée
(Mt 9:22 // Mc 5:34 ; Lc 8:48, à la femme souffrant d’hémorragie depuis 12 ans)
D’ailleurs, quand Jésus s’est-il jamais adressé à une femme avec rudesse ?
Et lorsque – comme ici, ou dans l’épisode de la femme cananéenne (Mt 15:21-28 et par.) – il semble dans un premier temps se distancier, c’est l’espace d’un instant.
Category: biblique
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