By: Papyrus87 | May 06, 2017
Citer sans lire !
06/05/2017
Citer un auteur qu'on n'a jamais lu peut donner à penser aux auditeurs qu'on en est un fin connaisseur...
Mais on peut toujours les détromper et les avertir que la citation est pour l'instant de seconde main : plus tard, on lira ledit auteur en entier, c'est promis !
Mais comme on ne peut pas tout lire, on en restera là, probablement...
Mais l'extraction de la citation était déjà au départ un acte d'interprétation : citer ceci plutôt que cela, c'est interpréter.
Le phénomène des citations bibliques – essentiellement de textes de l'AT par le NT, mais pas seulement, loin de là – est bien déjà un acte herméneutique des auteurs, qui édifient sur des matériaux qui les ont précédés.
Étrangement, les citations du NT – il faudrait plutôt dire : la lecture que nous en faisons – contribuent souvent à nous fermer le sens des passages et des livres cités au lieu de nous l'ouvrir.
Ces citations destinées à nous pointer vers ces textes antiques qui les ont précédées conduisent paradoxalement à nous les voiler, et contribuent d'une certaine manière à ce que J. D. Smart* a appelé l'étrange silence de la Bible.
Et que les auteurs du NT aient de surcroît souvent cité tel ou tel texte à contre-courant du contexte d'origine n'arrange rien !
Ce qu'on pourrait donc appeler un effort de lecture nous est nécessaire, pour que les citations du NT donnent à penser au lieu d'engourdir et de fermer notre lecture de l'AT.
Pour une modeste et succincte tentative d'analyse du fonctionnement littéraire de la citation de deux textes célèbres (Osée 11:1 et Habakuk 2:4) et d'un troisième généralement passé sous silence (Amos 9:11-12), voir ici.
* James D. Smart. 1970. The Strange Silence of the Bible in the Church. Philadelphia: Westminster Press.
(vieux petit livre toujours bien d'actualité)
Category: biblique
Tags: 2017, citations, intertextualite, tous