Manuscrits. Écritures. Lectures.

By: Papyrus87 | November 03, 2017

"N’avez-vous pas lu ?… ou n’avez-vous pas lu"

(Jésus, coup sur coup, à de grands lecteurs des Écritures, dans Matthieu 12:1-8. Plusieurs autres fois ailleurs)

03/11/2017



L’apprentissage de la lecture ne s’arrête pas au collège, après quoi il suffirait de lire pour savoir lire.

Dans le domaine de la lecture des Écritures, c’est d’un réapprentissage permanent que nous avons besoin.

Lire, c’est interpréter : voilà un lieu commun !

Et la règle naïve "il suffit de lire" est la cause de bien des maux en matière d’interprétation biblique.

Sauf à considérer l’Écriture comme un recueil de réponses, un catéchisme, un manuel de l’utilisateur.

L’histoire de l’Église est l’histoire de l’interprétation des Écritures. On peut soupçonner que l’histoire d’une vie ne l’est pas moins.

Tout croyant a un "problème de lecture", et malheur à lui s’il quitte l’école en chemin.

Les "nouveaux programmes" devraient mettre l’accent sur ces divers points plus que négligés :


- apprendre à voir les détails

- apprendre à discerner les tensions d’un texte

- désapprendre l’harmonisation forcée de la diversité des textes

- "lire contre" : contre soi, contre les habitudes et les évidences (les siennes, celles de la communauté)

- "lire avec" : on ne peut bien lire qu’ensemble

- apprendre à percevoir les creux et entendre les silences du texte

- apprendre à faire face de front à ce qui gêne, désapprendre l’esquive

- apprendre à sentir les nœuds de difficultés, sources de sens

- apprendre à ne pas savoir d’avance, oublier le "j’ai déjà lu"

- apprendre à redonner des aspérités aux textes lissés par le temps, l’habitude, ou nos subterfuges


Tels seraient les objectifs d’un continuel réapprentissage.

En somme, une lectio semper reformanda.


Pour quelques réflexions voisines, voir cet entretien avec Elian Cuvillier.