Pour conclure...
Pour conclure, nous gagnerons à admettre que circulent parfois des idées toutes faites, des clichés pratiques, des stéréotypes, des schémas de pensée pré-fabriqués, "hérités de nos pères" sans esprit critique (je parle du sens critique au sens noble du terme, celui d'Actes 17), "transmis à nos fils" sans arrière-pensées, mais qui ne résisteraient pas longtemps à une confrontation à l'Écriture.
Et qui en est vraiment exempt, à commencer par celui qui écrit ?
Le mieux sera de le reconnaître.
Mais la chose empire quand on lui apporte la caution du "grec", de "l'hébreu", du "texte original", ce qui a le double avantage (?) de laisser les auditeurs bouche bée et de donner à ce qui est dit un cachet d'irréfutabilité.
(puisque c'est "dans le grec" ! Et qui ira vérifier ?)
On entend ainsi, et on lit parfois, des affirmations données avec une belle assurance, sur le ton de l'évidence ou de l'indiscutable, issues du bouche à oreille, de la littérature populaire, parsemées d'un mot grec ici, d'un mot hébreu là, alors que des étudiants plus expérimentés sont, eux, plus hésitants.
Si l'on s'en tient à cette voie, la solution bien sûr n'est pas moins de grec, mais (chose plus exigeante, plus de grec, de familiarité avec les textes.
Mais cette éventuelle connaissance (qui n'est pas un avantage spirituel sur autrui en soi) n'a pas besoin de s'extérioriser à la première occasion, en "parlant en langues" aux auditeurs.
Elle sera plus utile si elle sert de soubassement silencieux à une meilleure compréhension, si possible, et donc à une meilleure exposition des Écritures.
Cela évitera de plus de céder à cette erreur linguistique classique, celle de penser que les grandes vérités bibliques (l'amour de Dieu, par exemple) sont enfermées dans un mot, une racine, une étymologie, alors qu'elles nous sont transmises, plutôt, par la phrase, le paragraphe, le passage, voire le livre entier.
Nous nous rendrons donc service en ne lisant pas dans le texte, et en n'imposant pas au texte, et dans toute la mesure où nous en sommes capables, nos propres préjugés ou ceux d'autrui, sans examen.
Sources
BAG
Arndt, William, F. Wilbur Gingrich, Frederick W. Danker, et Walter Bauer. 1979. A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature. University of Chicago Press.
HARRISON
Harrison, Everett F. 1962. John. The Wycliffe Bible Commentary. Chicago : Moody.
BLACK
Black, David Alan. 1988. Linguistics for Students of New Testament Greek. Grand Rapids : Eeerdmans.
BRUCE
Bruce, F. F. 1983. The Gospel and Epistles of John. Grand Rapids : Eeerdmans.
BURGE
Burge, Gary B. 1989. John. Evangelical Commentary on the Bible. Grand Rapids : Baker.
CARSON
Carson, D. A. 1984. Exegetical Fallacies. Grand Rapids : Baker.
CARSON (cité par BRADSHAW)
référence perdue pour le moment, désolé...
JOHNSON
Johnson, Alan F. 1981. Revelation. Expositor's Bible Commentary vol. 12. Grand Rapids : Zondervan.
KITTEL
Kittel, Gerhard, Gerhard Friedrich, et Geoffrey W. Bromiley.1985. Theological Dictionary of the New Testament: Abridged in One Volume. Grand Rapids, Eerdmans.
LOUW-NIDA
Louw, Johannes P. & Nida, Eugene A. 1988. Greek-English Lexicon of the New Testament Based on Semantic Domains. New York : UBS.
MICHAELS
Michaels, J. Ramsey. 1995. John. New International Biblical Commentary. Peabody : Hendrickson.
(il en existe des éditions plus récentes)
NIV
Bible New International Version
WHITACRE
Whitacre, Rodney A. 2010. John. IVP New Testament Commentary.
En ligne ici.
ZUMSTEIN
Zumstein, Jean. 2012. Évangile selon Jean. Nouveau Testament Commenté. Bayard & Labor et Fides