Manuscrits. Écritures. Lectures.

Psaume 23

version du 30/11/2017

Le texte, en traduction

TOB

1 Psaume de David.

Le SEIGNEUR est mon berger, je ne manque de rien.

2 Sur de frais herbages, il me fait coucher ; près des eaux du repos, il me mène,

3 il me ranime.

Il me conduit par les bons sentiers, pour l’honneur de son nom.

4 Même si je marche dans un ravin d’ombre et de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ;

ton bâton, ton appui, voilà qui me rassure.

5 Devant moi tu dresses une table, face à mes adversaires.

Tu parfumes d’huile ma tête, ma coupe est enivrante.

6 Oui, bonheur et fidélité me poursuivent

tous les jours de ma vie, et je reviendrai à la maison du SEIGNEUR, pour de longs jours.

BFC

1 Psaume appartenant au recueil de David.

Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien.

2 Il me met au repos dans des prés d'herbe fraîche, il me conduit au calme près de l'eau.

3 Il ranime mes forces, il me guide sur la bonne voie, parce qu'il est le berger d'Israël.

4 Même si je passe par la vallée obscure, je ne redoute aucun mal, Seigneur, car tu m'accompagnes.

Tu me conduis, tu me défends, voilà ce qui me rassure.

5 Face à ceux qui me veulent du mal, tu prépares un banquet pour moi.

Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée.

Tu remplis ma coupe jusqu'au bord.

6 Oui, tous les jours de ma vie, ta bonté, ta générosité me suivront pas à pas.

Seigneur, je reviendrai dans ta maison aussi longtemps que je vivrai.


Le texte hébreu


 1 מִזְמוֹר לְדָוִד יְהוָה רֹעִי לֹא אֶחְסָֽר׃
  2 בִּנְאוֹת דֶּשֶׁא יַרְבִּיצֵנִי עַל־ מֵי מְנֻחוֹת יְנַהֲלֵֽנִי׃
  3 נַפְשִׁי יְשׁוֹבֵב יַֽנְחֵנִי בְמַעְגְּלֵי־ צֶדֶק לְמַעַן שְׁמֽוֹ׃
  4 גַּם כִּֽי־ אֵלֵךְ בְּגֵיא צַלְמָוֶת לֹא־ אִירָא רָע כִּי־ אַתָּה עִמָּדִי שִׁבְטְךָ וּמִשְׁעַנְתֶּךָ הֵמָּה יְנַֽחֲמֻֽנִי׃
  5 תַּעֲרֹךְ לְפָנַי ׀ שֻׁלְחָן נֶגֶד צֹרְרָי דִּשַּׁנְתָּ בַשֶּׁמֶן רֹאשִׁי כּוֹסִי רְוָיָֽה׃
  6 אַךְ ׀ טוֹב וָחֶסֶד יִרְדְּפוּנִי כָּל־ יְמֵי חַיָּי וְשַׁבְתִּי בְּבֵית־ יְהוָה לְאֹרֶךְ יָמִֽים


La LXX

1 (22:1) ψαλμὸς τῷ δαυιδ κύριος ποιμαίνει με καὶ οὐδέν με ὑστερήσει

2 (22:2) εἰς τόπον χλόης ἐκεῖ με κατεσκήνωσεν ἐπὶ ὕδατος ἀναπαύσεως ἐξέθρεψέν με

3 (22:3) τὴν ψυχήν μου ἐπέστρεψεν ὡδήγησέν με ἐπὶ τρίβους δικαιοσύνης ἕνεκεν τοῦ ὀνόματος αὐτοῦ

4 (22:4) ἐὰν γὰρ καὶ πορευθῶ ἐν μέσῳ σκιᾶς θανάτου οὐ φοβηθήσομαι κακά ὅτι σὺ μετ' ἐμοῦ εἶ ἡ ῥάβδος σου καὶ ἡ βακτηρία σου αὐταί με παρεκάλεσαν

5 (22:5) ἡτοίμασας ἐνώπιόν μου τράπεζαν ἐξ ἐναντίας τῶν θλιβόντων με ἐλίπανας ἐν ἐλαίῳ τὴν κεφαλήν μου καὶ τὸ ποτήριόν σου μεθύσκον ὡς κράτιστον

6 (22:6) καὶ τὸ ἔλεός σου καταδιώξεταί με πάσας τὰς ἡμέρας τῆς ζωῆς μου καὶ τὸ κατοικεῖν με ἐν οἴκῳ κυρίου εἰς μακρότητα ἡμερῶν


que GIGUET traduisait ainsi :

Psaume de David. Le Seigneur est mon pasteur, et je ne manquerai de rien.

Il m'a fait demeurer en un gras pâturage ; il m'a nourri d'une eau vivifiante.

Il a converti mon âme ; il m'a conduit dans les voies de la justice pour la gloire de son nom.

Lors même que je cheminerais au milieu des ombres de la mort, je ne craindrais aucun mal, parce que tu es avec moi. Ta houlette et ton bâton m'ont rassuré.

Tu as préparé devant moi une table, afin que je résiste à ceux qui m'opprimaient. Tu as oint ma tête avec de l'huile ; et ton calice enivrant, qu'il est délicieux !

Et ta miséricorde me suivra tous les jours de ma vie ; et ma demeure sera la maison du Seigneur dans toute la durée des jours.


La Vulgate

1 (22:1) Psalmus David. Dominus regit me, et nihil mihi deerit :

2 (22:2) in loco pascuæ, ibi me collocavit. Super aquam refectionis educavit me ;

3 (22:3) animam meam convertit. Deduxit me super semitas justitiæ propter nomen suum.

4 (22:4) Nam etsi ambulavero in medio umbræ mortis, non timebo mala, quoniam tu mecum es. Virga tua, et baculus tuus, ipsa me consolata sunt.

5 (22:5) Parasti in conspectu meo mensam adversus eos qui tribulant me ; impinguasti in oleo caput meum : et calix meus inebrians, quam præclarus est !

6 (22:6) Et misericordia tua subsequetur me omnibus diebus vitæ meæ ; et ut inhabitem in domo Domini in longitudinem dierum.


que Lemaître de SACY traduisait ainsi :

1 Psaume de David. C’est le Seigneur qui me conduit : rien ne pourra me manquer.

2 Il m’a établi dans un lieu abondant en pâturages ; il m’a élevé près d’une eau fortifiante.

3 Il a fait revenir mon âme ; il m’a conduit par les sentiers de la justice, pour la gloire de son nom.

4 Car quand même je marcherais au milieu de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucuns maux, parce que vous êtes avec moi.

Votre houlette et votre bâton ont été le sujet de ma consolation.

5 Vous avez préparé une table devant moi contre ceux qui me persécutent ; vous avez oint ma tête avec une huile de parfums. Que mon calice enivrant est admirable !

6 Et votre miséricorde me suivra dans tous les jours de ma vie ; afin que j’habite éternellement dans la maison du Seigneur.


§§§§§


1 "mon berger"

Dans le TM, c’est un participe : רֹעִי ro῾î me-faisant-paître

Cf. Ge 48:15 "le Dieu qui me paît depuis que je suis au monde" MARTIN

"qui m’a nourri" CRAMPON

"qui m’a conduit" NEG

Ici (en Ge 48), la forme est un peu différente (הָרֹעֶה אֹתִי ha-roéh ’otî) de celle du Ps 23, mais le sens est strictement le même.

L’image du Seigneur-berger (de son peuple) est très fréquente, mais pas celle du Seigneur mon berger.
L’idée de "mon" n’est pas tant la possession que l’appartenance, comme on dit "mon père" : c'est la brebis qui appartient au berger.
C'est peut-être là l'essentiel du psaume : le SEIGNEUR est mon berger.

Aucune métaphore n'est plus proche que celle-ci de la réalité qu'elle évoque !


La métaphore du berger pour représenter Dieu est très fréquente dans la Bible, tellement le spectacle des bergers menant paître et gardant leurs troupeaux – une curiosité pittoresque pour nous, dans nos contrées – était chose familière.

Elle était aussi appliquée aux rois et aux dieux de l'antiquité (EBC). On en trouve un exemple même dans la Bible : "Je dis de Cyrus : « C'est mon berger »" (Es 44:28).


CARNES, p. 20 :

Shepherding is one of the earliest of human occupations, and was the

economic foundation for most early societies. In the ancient near east specifically, shepherd

and flock imagery are among the earliest used pictorial and literary symbols, and is used

repeatedly in the Bible to picture God and national leaders. The ancient Babylonians,

Egyptians, and Greeks, were all similar to the ancient Israelites in applying the shepherd

metaphor to their rulers.

Carnes, Phillip Gene. 2007. “Like Sheep Without A Shepherd: The Shepherd Metaphor & Its Primacy for Biblical Leadership.” Reformed Theological Seminary. (en ligne)


- "je ne manquerai de rien"

Il s'agit de la brebis, pauvre et impuissante sans la présence et le secours de son berger, qui se confie entièrement en lui : à part lui, elle n'a besoin de rien, il est son tout.

Dans le texte, il n'y a pas strictement "de rien". Le verbe s'emploie de manière absolue : litt. "je ne manquerai pas", c.-à-d. : je ne serai pas en manque.

לֹא אֶחְסָר rac. חסר asar

Comme en 1 R17:16 ("l'huile du vase ne diminua pas") ou Ec 9:8 ("que l'huile sur ta tête ne manque point").


En fait, tout le reste du psaume est déjà dans ce 1er

On imagine mal le SEIGNEUR (ici, il est nommé par son nom : YHWH) abandonner sa


Jn 10

11 Je suis le bon berger : le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis.

12 Le mercenaire, qui n’est pas vraiment un berger et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et prend la fuite ; et le loup s’en empare et les disperse.

13 C’est qu’il est mercenaire et que peu lui importent les brebis.

14 Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. (TOB)


Za 11:17

"Malheur au pasteur de néant qui délaisse le troupeau !" (MARTIN)


Voir aussi Ez 34.

En fait, Dieu est un type de berger auquel le berger David de l'en-tête ("Psaume de David") ressemblera :


David dit à Saül : « Ton serviteur était berger chez son père. S’il venait un lion, et même un ours, pour enlever une brebis du troupeau, je partais à sa poursuite, je le frappais et la lui arrachais de la gueule. Quand il m’attaquait, je le saisissais par les poils et je le frappais à mort. Ton serviteur a frappé et le lion et l’ours. Ce Philistin incirconcis sera comme l’un d’entre eux, car il a défié les lignes du Dieu vivant. » (1 S 17 TOB)


2 "il me fait reposer… repos" litt. Il me fait coucher

L'idée de repos se retrouve dans le deuxième stique : auprès d'eaux de repos.

C'est la pensée maîtresse du verset, qui la dit puis la répète en des termes synonymes, dans le style typique de la poésie hébraïque.


- "près des eaux de repos" עַל־מֵי מְנֻחֹות al-mê menuḥot

Ici "repos" est un pluriel. Je ne retrace pas le thème du repos dans Ésaïe et dans toute la Bible….

Serait-ce d'ailleurs un des noms de Dieu, si l'on veut ?

C'est un synonyme de מָנוֹחַ manôaḥ. Cf. le nom du père de Samson (Jug 13:2).

TOB respecte mieux la cadence du texte et conserve la "musique" de la syntaxe inversée :


"Sur de frais herbages / il me fait coucher

Près des eaux du repos / il me mène"


- "il me met au repos dans des prés d'herbe fraîche" BFC

On peut s'imaginer le cadre, dans un pays où il fait très chaud et où herbe fraîche et eaux de rafraîchissement revigorent les troupeaux.

La véritable nourriture et restauration de l'âme pour le psalmiste sont décrites sous la simple image d'eaux tranquilles et de frais herbages : le calme et le repos raniment son être.

Que son être soit dans le besoin, l'adversité, l'épreuve est juste suggéré. Plus loin, ce sera plus explicite.


3 "Il ranime mes forces"

נַפְשִׁי יְשֹׁובֵב litt. Il fait revenir mon être (ATI).

Semeur "il me revigore" ou "il me rend des forces neuves".

Comme en Ruth 4:15 ("il ranimera ta vie" TOB), Pr 25:13 ("un messager fidèle… restaure l'âme de son seigneur" Colombe), La 1:16 ("il est loin de moi, le consolateur, celui qui pourrait ranimer ma vie" NBS).

Il n’y a pas ici selon moi la notion d’être restauré de ses péchés.

La notion même de péché est absente du psaume.


LXX τὴν ψυχήν μου ἐπέστρεψεν

GIGUET "il a converti mon âme" : comment GIGUET comprenait-il son choix de "convertir l'âme" ?


Le sens est celui de restaurer de la fatigue, de l'épuisement, du dépérissement. De reconstituer les forces, dans un lieu de repos, de soins, de convalescence si besoin.

Le Seigneur tire l’âme du psalmiste à l’écart, pour retrouver du calme près d’eaux reposantes et douces.

Le sens est celui de ce texte, distant par le temps, si proche par l’esprit :


"Et il leur dit : venez-vous-en à l'écart dans un lieu retiré, et vous reposez un peu ; car il y avait beaucoup de gens qui allaient et qui venaient" Mc 6:31


comme le dit MARTIN dans sa vieille langue savoureuse.

Ce n’est certes pas le lieu du brouhaha, du vent, du feu, du tremblement.


Note : le verbe "revenir" שׁוב shuv se retrouve (selon une interprétation possible) au v. 6 : "je reviendrai dans la maison de YHWH". Voir plus bas.


Là encore, si Dieu fait "revenir" son être, c'est que son être était "parti" : sans doute était-il pressé, fatigué, rompu. Quand l'être est aliéné de lui-même, ne sachant plus qui il "est", seul l'Éternel ("l'Être" toujours présent à lui-même) peut le rendre à lui-même.

Dans ce psaume, le nom de Dieu (YHWH, l'étant) figure deux fois : premier verset, dernier verset, encadrant le psaume. Entre ces deux bornes, il est sans cesse mentionné, le psalmiste s'adressant à lui :


"il… il… il…" / "tu… tu… tu…"


Son nom est d'ailleurs mentionné et invoqué ici en tant que son nom : "à cause de son nom".


- à cause de son nom" למען שמו lemaan shemô

NET "for the sake of his reputation."

MARTIN "pour l'amour de son Nom"

Vulg. propter nomen suum

TOB "pour l'honneur de son nom"

BFC amplifie (c'est peut-être un peu trop amplifié, mais c'est juste) : "parce qu'il est le berger d'Israël"


Il y a aussi la notion de réputation : c'est là-dessus que Moïse a joué ! (si tu détruis ton peuple, que diront les gens ? No 14:16 ; De 9:28).

Ainsi qu'Abraham ! (quel juge serais-tu si tu faisais périr le juste avec le méchant ? Ge 18).


- "les sentiers de la justice"

Comme souvent en hébreu, le génitif a un sens adjectival : les sentiers justes.

TOB comprend "justes" au sens de "convenables", et traduit : "il me conduit par les bons sentiers".

Comme dit plus haut, le psaume n'est pas sur le terrain du péché : la "bonne voie" (BFC) est à comprendre au sens du bon chemin que doit prendre le pèlerin (l'exilé sortant de Babylone, ou l'Israélite sortant d'Égypte, ou le pèlerin se dirigeant vers Jérusalem) pour ne pas s'égarer et tomber aux mains des brigands du désert.

Le Seigneur montre la route :


"Il me conduit dans les droits sentiers" CRAMPON

"il me conduit par des sentiers unis" MARTIN


4 "Même si je passe par la vallée obscure" BFC

"Même si je marche dans un ravin d’ombre et de mort" TOB


Assurément, TOB et BFC sont mes versions préférées pour ce verset.

NET "through the darkest valley"

צלמות tsalmawet obscurité profonde (ATI), formé de tsel ombre et mawet mort (ST).

Cf. Job 10:21 "la terre des ténèbres et de l'obscurité de la mort" ; 38:17 "les portes des ténèbres (de la mort)".

On pense à l'expression "les portes du séjour des morts" dans la bouche de Jésus.

Il est possible que cela fasse allusion aux dangers du chemin vers Jérusalem (si on accepte cette lecture).

Mais, naturellement, pas uniquement.


- "ta houlette et ton bâton" NEG

C'est la traduction traditionnelle, sur laquelle le commentaire populaire glose.

La traduction et la note de NET me conviennent davantage :


NET "your rod and your staff reassure me"

tn The Piel of נָחַם (nakham), when used with a human object, means “comfort, console.” But here, within the metaphorical framework, it refers to the way in which a shepherd uses his implements to assure the sheep of his presence and calm their nerves. The underlying reality is the emotional stability God provides the psalmist during life threatening situations.


Le verbe en question signifie (au piel) consoler, soulager : "ton soutien et ton appui seraient ma consolation" Rabb. Idem Vulg. / De SACY ( cf. ci-dessus).

Comme dans "celui-ci nous consolera de nos travaux" Ge 5:29 (Lémec nommant son fils "Noé" noakh).

Possible allusion (ou du moins assonance) avec les eaux "des repos" du v. 2. ménoukhoth.

MARTIN dit : "ton bâton et ta houlette sont ceux qui me consolent".


Pour "bâton" שׁבט shebe, ATI traduit litt. "sceptre".

Cf. l'interprétation royale ? // Ge 49:10, le sceptre de Juda.

Ou simplement le bâton du berger : "tout ce qui passe sous le bâton" Lé 27:32 ("sous la houlette" NBS, Colombe, TOB), c.-à-d. "les moutons et les chèvres" BFC.

Ou encore la verge.

C'est un synonyme du mot qui suit : משׁענת mishenet (mais plutôt au sens de bâton où l'on s'appuie).

Les deux sont pour les "adversaires" (v. 5) : pas plus qu'il n'est en rien question de péché de tous les six versets, il n'y a selon moi, de tout le psaume, pas l'ombre d'un reproche ou d'une admonestation envers une brebis capricieuse ou récalcitrante.

C'est pourquoi la traduction de TOB, quoique plus libre, est plus fidèle au sens : "ton bâton, ton appui…"

BFC est peut-être un peu trop libre, mais le sens est bien là : "Tu me conduis, tu me défends, voilà qui me rassure".


- "car tu es avec moi" עמדי immadî

BFC "car tu m'accompagnes"

Rabb. l'envisage comme une éventualité : "Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal, car tu serais avec moi".

Le verset vital du cantique : Dieu l'accompagne, que peuvent lui faire la vallée obscure et les ennemis ?


5 "Tu dresses devant moi une table en face de mes adversaires"

NET : "You prepare a feast before me in plain sight of my enemies."

MARTIN : "Tu dresses la table devant moi, à la vue de ceux qui me serrent ; tu as oint ma tête d'huile odoriférante, et ma coupe est comble"

BFC : "Face à ceux qui me veulent du mal, tu prépares un banquet pour moi."


TM תַּעֲרֹךְ לְפָנַי׀ שֻׁלְחָן … shulan

Vulg. Parasti in conspectu meo mensam


C'est ici la seconde métaphore du cantique : Dieu hôte.

On ne conçoit guère que l'image de la brebis continue (on ne sert pas de vin à une brebis).

NET y voit l'image d'un banquet royal : celui qui est admis à la table du roi est l'objet de sa faveur, et ses ennemis le savent (cf. 2 S 9:10, 13, Mephiboscheth à la table de David).

Semeur (édition d'étude) y voit un repas d'alliance où le suzerain reçoit le vassal son protégé :


le divin Roi-Berger reçoit David, son vassal, à sa table et le prend sous sa protection comme le faisaient les suzerains du Proche-Orient ancien envers les rois vassaux.


On peut aussi mettre cela en rapport avec le repas du pèlerin en présence de Dieu une fois arrivé au temple.

Mais pas seulement. Toute métaphore dit plus que les images qu'elle emploie, et c'est le moyen que l'Écriture emploie pour rester pertinente pour nous, qui sommes si éloignés du cadre de pensée de ces temps-là.


Mais il faut d'abord – évidence ! – voir et apprécier l'image.

L'image d'un Dieu fait homme, se comportant – tel Abraham affairé à recevoir les visiteurs – comme un hôte accueillant : il reçoit le visiteur, lui lave les pieds, oint d'huile sa tête, lui sert un repas restaurateur en lui remplissant la coupe de vin à ras bord !

Le motif de l'hospitalité divine est d'ailleurs prolongé au v. 6 : le voyageur-pèlerin veut rester là, et ne plus repartir de la maison de son hôte !


- "mes adversaires" : c'est un participe, צררי tsoreray ceux-qui-m'attaquent

BFC "Face à ceux qui me veulent du mal"

Jusqu'ici, la situation de danger extérieur et de tension intérieure du psalmiste étaient suggérées, au point d'échapper au lecteur parfois.

Maintenant, elle devient explicite (ce qui déroute ceux qui ne l'ont pas sentie avant, précisément).

Ce chant 23 n'a rien d'un psaume "gentillet".

La maison de YHWH (v. 6) est pour lui une maison de refuge,

Si l'image de la table comme protection et rempart nous déroute, c'est que nous avons oublié les nombreux exemples de "tables dramatiques" de l'Écriture, telle celle de Lc 24, si superbement illustrée par Arcabas.



- "tu dresses" = tu installes

// "Allez nous préparer la Pâque" Lc 22


- "tu oins" tu enduis

Contrairement à ce qu'on peut penser, ce n'est pas le mot "oindre" utilisé pour l'onction sacrée ou royale, pour "faire messie" (משׁח masha), mais le verbe דשׁן dashen (devenir piel donc

D'ailleurs NET le note aussi :


The verb דָשַׁן (dashan; the Piel is factitive) is often translated “anoint,” but this is misleading, for it might suggest a symbolic act of initiation into royal status. One would expect the verb מָשָׁח (mashakh) דָשַׁן here describes an act of hospitality extended to guests and carries the nuance “refresh.” In Prov 15:30 it stands parallel to “make happy” and refers to the effect that good news has on the inner being of its recipient.


NET traduit donc "tu rafraîchis ma tête avec de l'huile" ("You refresh my head with oil").


C'est le verbe utilisé en Pr 15:30 "une bonne nouvelle engraisse les os" (ST).

Le nom correspondant (deshen

On le trouve aussi (en mauvaise part) au Ps 22:30, pour désigner les "gras" (= les riches) :


TM כל־דשני־ארץ kol dishnê-’arets

NEG, NBS, Colombe "Tous les puissants de la terre mangeront et se prosterneront aussi"

Vulg. Manducaverunt et adoraverunt omnes pingues terræ

De SACY "Tous les riches de la terre" (litt. Tous les gras de la terre)

DRC (traduction anglaise de la Vulgate) "All the fat ones of the earth"

BFC "Ceux qui sont pleins de vie mangent et s'inclinent devant lui"


Pour l'onction de la tête du voyageur par son hôte (et sans rapport aucun avec l'idée d'onction sacrée), cf. Lu 7:46 "Tu n'as point versé d'huile sur ma tête ; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds."


- "ma coupe déborde"

TOB "ma coupe est enivrante."

L'image est parlante d'elle-même.

L'huile et le vin sont ici les deux marques de l'hospitalité.

Selon moi, nul besoin d'y voir ici une image de l'Esprit : c'est tout le psaume qui porte l'Esprit.

Rabb.


"Tu parfumes d'huile ma tête, ma coupe est pleine à déborder."


C'est l'image de l'hôte qui ne laisse pas la coupe du voyageur se vider…

Dans le texte, la forme est plus frappante : c'est la juxtaposition sonore de deux noms ("ma coupe, surabondance" ATI ; "ma coupe (est) débordement" Colombe en note ; "plénitude est ma coupe" CALAME).

Cf. Ps 66:12 NEG "tu nous en as tirés pour nous donner l'abondance."

CRAMPON "tu nous en as tirés pour nous combler de biens."

Litt. "tu nous a conduits vers l'abondance".

La racine est רוה rawah boire jusqu'à satiété, s'enivrer => Ps 36:9 CRAMPON "Ils s'enivrent de la graisse de ta maison" (avec ici les deux mots réunis : "graisse" et "s'enivrer").


GIGUET met en note : "Il s'agit de la table et du vin eucharistique".

Certes non, même s'il y a une mesure de préfiguration, notamment avec l'interprétation qui y voit un repas au temple.

Le problème de ce type de note, c'est que les choses sont données comme une évidence : "ceci est cela", point.


6 "Oui, le bonheur et la grâce"

Il y a diverses nuances, que les traductions accentuent à leur manière :

NET "Surely your goodness and faithfulness".

MARTIN, dans son vieux style, "Quoi qu'il en soit, les biens et la gratuité m'accompagneront".

NBS "Oui, le bonheur et la fidélité m'accompagneront tous les jours de ma vie".

TOB idem puis "… me poursuivent…".

Bible de Jérusalem "Oui, grâce et bonheur me pressent".

BFC "Oui, tous les jours de ma vie, ta bonté, ta générosité me suivront pas à pas."

Vulg. rattache le premier mot à ce qui précède, suivant en cela la Septante :


LXX καὶ τὸ ποτήριόν σου μεθύσκον ὡς κράτιστον

GIGUET "et votre calice enivrant, qu'il est délicieux"


Vulg.

5 et calix meus inebrians, quam præclarus est !

6 Et misericordia tua subsequetur me


Cf. de SACY :

5 "et que mon calice enivrant est admirable !

6 Et Votre miséricorde me suivra tous les jours de ma vie"


Noter en passant que LXX et Vulg. ont ajouté un suffixe 2e pers. sing. : et misericordia tua / τὸ ἔλεός σου / ta miséricorde.


Le premier terme est le simple טוב tov "bon" substantivé // Job 7:7 "mon œil ne verra plus le bien, le bonheur" (ST).

Noter que dans ce passage de Job, on a en fait le même mot que dans le stique suivant : revenir => litt. "Souviens-toi qu'un souffle (est) ma vie, mon œil ne reviendra pas (tashouv) pour voir le bien (tov)".

Le nom est la même racine vocalisée autrement : touv "bonté, beauté, bonheur".

Mail il faut tâcher de respecter la vocalisation du TM.

Je dirais : "tout ce qui est bon…"


Le second terme est le célèbre חסד khésed amour, bonté, faveur, grâce, fidélité, miséricorde, piété, etc.

Ce n'est pas que ce mot soit chargé de tous ces sens à la fois ! Il faut juger du meilleur selon les emplois.

NBS et TOB disent "fidélité", BFC "générosité" (ce qui s'accorde bien avec le contexte d'hospitalité).


- "m'accompagneront" NEG

Ce n'est pas exactement cela : le sens est celui de "poursuivre", comme on poursuit un ennemi, ou comme des ennemis nous poursuivent.

TOB respecte bien la force de ce terme surprenant à première vue : "Oui, bonheur et fidélité me poursuivent".

Colombe le signale en note : "le bien et la bienveillance me poursuivront".

CALAME-LALOU dit même : "Seuls le bien et l'amour me harcèlent".

En effet, רדף radaph est employé normalement pour des ennemis dans une poursuite hostile.

Cf. Ge 14:14 et15, Abraham et ses 318 serviteurs poursuivant les rois ; 35:5, Jacob de retour à Béthel, que personne n'osait poursuivre à cause de la "terreur de Dieu" ; Jug 7:25, les messagers de Gédéon poursuivant Madian ; Job 19:28, les amis de Job qui le harassaient.

On trouve même cet emploi : "le bruit d'une feuille agitée les poursuivra" (NEG), "les fera fuir" (ST).


NET voit ici une forme d'ironie. En effet, ce ne sont pas – ou plus – ses ennemis (v. 5) qui le poursuivent, mais la bonté et la générosité divines !

On l'emploie positivement, mais dans des tournures comme poursuivre la justice (Pr 21:21), poursuivre la paix (Ps 34:15).

Mais pour ce qui est de l'action de poursuivre quelqu'un, c'est le seul endroit de la Bible avec un tel sujet abstrait.

En réalité, "la bonté et la générosité", c'est Dieu lui-même, personnifié, qui "poursuit" l'être aimé" !

L'image est aussi celle d'un hôte empressé, tel Abraham recevant le SEIGNEUR à Mamré (Ge 18).

Mais ici les rôles sont inversés !


- "dans la maison du SEIGNEUR"

Selon l'image qu'on préfère (qu'on s'imagine), on pensera au palais royal, où le protégé du roi siège à la table royale, ou bien à la maison intime du psalmiste, le sanctuaire de Dieu dans le cœur de l'homme.

Ou plus concrétement le tabernacle (ou ce qui en restait) où se réfugiait David, auteur présumé du cantique.

Ou encore le Temple (encore à venir pour David).

Pour nous, il faudrait aussi que ce soit vrai pour l'Église.

Ou encore la cité aux solides fondements (Hé 11:10).

Tout endroit, en somme, où nous pouvons "manger et boire avec lui" (Ac 10:41) !

Et la phrase peut être purement métaphorique (NET).


- "jusqu'à la fin de mes jours"

"the path of one's days" HBC (sur le chemin de mes jours)

Héb. לארך ימים le-’orekh yamîm "pour la longueur des jours"

Colombe "pour la durée de mes jours"

Cf. Ps 21:5 pour la même pensée :


CRAMPON

4 "Car tu l'as prévenu de bénédictions exquises, tu as mis sur sa tête une couronne d'or pur.

5 Il te demandait la vie, tu la lui as donnée, de longs jours à jamais et à perpétuité."


Pour "bénédictions exquises", c'est litt. des bénédictions de bien, de bon (tov).

Pour "de long jours", c'est litt. "longueur de jours", comme au Ps 23.


L'expression est intensifiée par la formule synonyme qui suit : "à jamais et à perpétuité".

I n'y a guère ici la notion d'éternité. "Tous les jours de ma vie" et "jusqu'à la fin de mes jours" sont synonymes et parallèles, et se répondent dans la finale du psaume.


- j'habiterai" NEG

Je laisse le traitement de ce cas pour la fin, vu qu'il s'agit d'un problème de texte et d'interprétation sur lequel on a beaucoup écrit.

NEG ne signale pas au lecteur qu'elle s'écarte du texte traditionnel du TM !

Toutes les versions françaises récentes (NBS, Colombe, BFC, TOB) ont opté pour la lecture "revenir" du TM :


NBS "je reviendrai à la maison du SEIGNEUR pour la longueur des jours."


NET toutefois choisit le sens de "habiter" ("I will live in the Lord’s house for the rest of my life."), et justifie longuement son choix :


The verb form וְשַׁבְתִּי (vÿshavtiy) is a Qal perfect (with vav [ו] consecutive), first common singular, from שׁוּב (shuv, “return”) and should be translated, “and I will return.” But this makes no sense when construed with the following phrase, “in the house of the Lord.” The term שׁוּב (shuv) appears only here with the following phrase בְּבֵית (bÿvet). The form should be emended to וְשִׁבְתִּי (vÿshivtiy; an infinitive construct from יָשַׁב, yashav, “live”) with pronominal suffix) or to וְיָשַׁבְתִּי (vÿyashavtiy; a Qal perfect with vav [ו] consecutive, first common singular, from ישׁב [see BHS, note c]). In either case one could then translate, “and I will live [in the house of the Lord].” The phrase “in the house” frequently follows the verb יָשַׁב in the OT.


BARTHÉLÉMY (CTAT4) discute ce cas encore plus longuement !


La question est : faut-il garder le TM ( שׁוב shuv sens de "revenir") ou, pour diverses raisons, le corriger ( ישׁב yashav sens de "habiter") ?


La Colombe, qui traduit "Et je reviendrai dans la maison de l'Éternel", résume la situation au lecteur en une simple note : les anciennes versions, avec une légère modification, ont lu : j'habiterai.

Même si le lecteur n'a pas les éléments du problème dans le détail, il est au moins averti d'une difficulté.

C'est préférable, selon moi, au silence d'autres versions qui lissent les difficultés et qui laissent le lecteur dans "l'innocence"…


BHS signale la leçon de la LXX, qui a καὶ τὸ κατοικεῖν με ἐν οἴκῳ κυρίου (litt. mon demeurer [sera] dans la maison du Seigneur), comme dans le Ps 27:4


"Je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel"

ἐκζητήσω τοῦ κατοικεῖν με ἐν οἴκῳ κυρίου πάσας τὰς ἡμέρας τῆς ζωῆς μου


NET dit que le sens de "revenir" ne fait pas sens : c'est discutable.

Pourquoi ne pas penser au pèlerin, au voyageur, ou au croyant poursuivi par ses ennemis qui, accueilli et mis l'abri par son hôte, ne souhaite que pouvoir revenir, une fois qu'il en sera parti ?

NET s'appuie aussi sur le fait qu'on ne rencontre qu'ici l'expression "revenir dans la maison" pour rejeter la leçon avec "revenir".

Vérification faite, c'est exact : on trouve plusieurs fois "habiter dans" mais jamais "revenir dans".

Mais est-ce décisif ?


Vulg. (Vulgate Clémentine) choisit le sens de "demeurer" : et ut inhabitem in domo Domini in longitudinem dierum.

La Nouvelle Vulgate (Nova Vulgata, 1979) dit : et inhabitabo in domo Domini in longitudinem dierum.


EBC (VanGEMEREN) signale l'interprétation chargée ("pregnant") de DELITZSH : les deux sens seraient contenus dans le mot : je reviendrai de nouveau et j'habiterai dans la maison du SEIGNEUR.

C'est possible : il arrive en effet qu'un mot soit utilisé pour en même temps en suggérer un autre.

Mais finalement, EBC épouse la solution de M. DAHOOD (dans la série Anchor Bible : la forme ושׁבתי veshavti du TM serait une forme contractée de וישׁבתי weyashavti "j'habiterai", ce qui permet de conserver le TM tout en suivant les versions anciennes (LXX, Syriaque).


Enfin, BARTHÉLÉMY (CTAT4) discute longuement ce cas, et le traite en même temps que celui similaire de Ps 7:8

NBS "Que toute la communauté des peuples t'entoure !

Reviens en haut au-dessus d'elle ! "

v.l. "trône au-dessus d'elle" (Bible de Jérusalem 1ère éd.)


(je ne détaille pas pour Ps 7)


Après une discussion condensée de ces deux cas parallèles (il cite en rapport les textes suivants : Es 30:15 ; No 10:36 ; 2 S 19:33 ; 2 S 15:8 ; Jé 42:10 ; Za 10:6) et assez difficile à suivre… et avec une passionnante histoire de l'exégèse de ces textes, il conclut (il me semble) qu'on peut à la rigueur admettre le sens "revenir" dans les deux, mais qu'il est plus vraisemblable :


- que pour Ps 7:8, il faille traduire "trône au-dessus d'elle"

- que pour Ps 23:6, il faille traduire "ma demeure est la Maison de Yahvé"


(mon édition de la BJ (13e éd. 1973/1990) a en note pour Ps 23:6 : "simple correction vocalique")


En fait, le but de l'emploi de ces termes "serait de suggérer les deux exégèses à la fois qui, toutes deux, conviennent au contexte" (CTAT4, p. 17). Finalement, cela rejoint l'interprétation de DELITZSCH signalée plus haut, pas au sens que le mot a deux sens, mais que l'un ("habiter") suggère l'autre ("revenir").

Il reste que les massorètes ont, eux, gardé et transmis la vocalisation en וְשַׁבְתִּי véshavti qui, elle, veut bien dire "je reviendrai". Il doit bien y avoir une raison.


Pour terminer par une proposition personnelle, l'idéal serait :

- soit de trouver un terme susceptible lui aussi en français de suggérer les deux sens

- soit d'opter pour une traduction chargée

- en tout cas, sinon, de ne pas laisser la traduction, quelle qu'elle soit, sans note !


Par exemple, "séjourner" signifie bien "habiter" mais possède la notion de "pour un temps" seulement.

Notamment dans l'interprétation de pèlerinage, cela correspond bien au fidèle qui vient au Temple pour un temps seulement, pour le repas de communion et d'actions de grâces. Il lui faudra repartir, mais sa hâte est d'y "revenir", lui et les siens :


"Vous le chercherez seulement dans le lieu que le SEIGNEUR votre Dieu aura choisi parmi toutes vos tribus pour y mettre son nom, pour y demeurer ; c’est là que tu viendras … Vous mangerez là devant le SEIGNEUR votre Dieu, et vous serez dans la joie, avec votre maisonnée, pour toutes les entreprises où le SEIGNEUR ton Dieu t’aura béni." De 12:5-7 TOB


Ou bien alors, donner une traduction chargée, comme : "je reviendrai habiter dans la maison du Seigneur".

Mais laisser le lecteur sans aucune annotation ou avertissement ne se conçoit guère, même si au final la différence de sens n'est pas dramatique.

Mais l'approximation ne vaut jamais mieux que l'exigence, même quand c'est "pour rien" et même pour une audience "simple" qui n'apercevrait pas le nœud des difficultés.


§§§§§


Oubliant tous ces détours, il reste à retirer de ce texte millénaire un bénéfice pour soi, et pour les siens, quant à la connaissance de Dieu et la nature de sa personne, quant à la vie de la foi, quant au chemin à suivre, quant à l'Écriture enfin.

Mais je ne me sens pas de faire un commentaire de piété ou un sermon à moi-même.


Pour cela, je m'enferme (volontairement !) dans le texte si expressif de la BFC, qui me suffira :



Le Seigneur est mon berger


1 Psaume appartenant au recueil de David.


Le Seigneur est mon berger,

je ne manquerai de rien.

2 Il me met au repos dans des prés d'herbe fraîche,

il me conduit au calme près de l'eau.

3 Il ranime mes forces,

il me guide sur la bonne voie,

parce qu'il est le berger d'Israël.

4 Même si je passe par la vallée obscure,

je ne redoute aucun mal, Seigneur, car tu m'accompagnes.

Tu me conduis, tu me défends, voilà ce qui me rassure.

5 Face à ceux qui me veulent du mal,

tu prépares un banquet pour moi.

Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée.

Tu remplis ma coupe jusqu'au bord.

6 Oui, tous les jours de ma vie,

ta bonté, ta générosité me suivront pas à pas.

Seigneur, je reviendrai dans ta maison

aussi longtemps que je vivrai.


Une récriture personnelle dira – en termes suggérés mieux qu'avec des propositions – ce que je reçois de cette parole, ce que je veux en recevoir à tout le moins.


1 Mon Berger, c'est le SEIGNEUR

Il comble mes béances

2 Il repose mon âme éteinte et guérit mon esprit fané

3 Il fait revenir mon être

Il est devant moi, et je vois son nom sur la route

4 Dans la vallée mortelle, je n'ai pas peur du Mal

Ton sceptre me rassure, et tu m'as compté

5 À la face de mes poursuivants, tu me sers un banquet

Tu passes la main sur ma tête quand tu me grises d'un vin parfumé

6 Ta bonté et ta fidélité me pressent, tu me fais vivre

Je reviendrai au refuge du SEIGNEUR tant qu'il fera jour


C'est le Dieu pâtre, descendu dans nos champs dévastés.

C'est le Dieu hôte, à l'auberge toujours ouverte.

C'est le Dieu médecin, dont les remèdes n'empoisonnent pas.

C'est le Dieu guerrier qui m'accueille dans le camp.


C'est le même qui dira :


Venez à moi, vous tous qui peinez sous la charge ;

moi, je vous donnerai le repos.


Son sceptre me réconforte, tandis que je passe sous son bâton.

Attablé avec lui, mes ennemis s'éparpillent.

Beaucoup de dieux pervers régentent la vie de leurs dévots ; la générosité de celui-ci n'est pas à double face.


Psaume de combat, où se tapit le Destructeur comme un traître dans la broussaille.

Poursuivants et harasseurs s'arrêtent devant l'enseigne du Refuge.

L'ombre funeste s'estompe sous l'ombre de son épaule sur ma tête.

Elle ne tient pas devant son eau vitale, son vin de réconfort, son huile de bienvenue.


Si ce cantique n'est pas Parole de Dieu, je suis le plus malheureux des hommes.

Mais si "David" l'a psalmodié, je peux bien le murmurer.


FG

Octobre 2017



Abréviations et sources


"SEIGNEUR" (en lettres capitales) est pour le tétragramme YHWH

Les transcriptions des textes bibliques suivent ce modèle.


ATI                    Ancien Testament interlinéaire hébreu-français (2007)

BFC                   Bible en français courant (1997 – en ligne)

Colombe            Bible À la Colombe (1978 – en ligne)

CALAME           Les Psaumes, traduction de P. Calame et F. Lalou (2001)

CRAMPON        Bible A. Crampon (1923)

DR                     La Douay-Rheims Bible (traduction anglaise de la Vulgate, 1582 - 1609)

EBC / EBC5        Expositor's Bible Commentary (Psaumes : A. VanGemeren, vol. 5, 1991)

GIGUET            Traduction de la Septante par P. Giguet (1872)

HBC                   Harper's Bible Commentary (1998 – pour les Psaumes : C. Stuhlmueller)

MARTIN            Bible de D. Martin (1744)

NBS                    Nouvelle Bible Segond (ABU, 2002 – en ligne)

NEGBible            L. Segond, Nouvelle Édition de Genève (1979)

NET                    La NET Bible

NIBC                   New International Bible Commentary (Psaumes : C. C. Broyles, vol. 11, 1999)

Rabb.                  Bible du Rabbinat français (Z. Kahn, 1969 – en ligne)

SACY                   Bible de Lemaître de Sacy (traduction de la Vulgate, 1855 – en ligne)

Semeur                Bible du Semeur (édition d'étude – 2000)

ST                        Dictionnaire hébreu-français de N. Ph. Sander et I. Trenel (1859)

TOB                    Traduction Œcuménique de la Bible (2010 – en ligne)

v.l.                        varia lectio (variante de lecture)

Vulg.                    Vulgate Clémentine (1598)


CARNES             Carnes, Phillip Gene. 2007. “Like Sheep Without A Shepherd: The Shepherd

                           Metaphor, Its Primacy for Biblical Leadership.” Reformed Theological Seminary.

                            (mémoire en ligne)